12 septembre 2006
Inverser la "fuite des cerveaux" africains
Inverser la
"fuite des cerveaux" africains De
nouveaux projets font appel aux compétences des expatriés
africains Par Gumisai
Mutume Pour les milliers d'Africains
expatriés qui souhaitent contribuer au développement du continent, des
initiatives visant à arrêter l'exode professionnel hors de l'Afrique offrent de
nouvelles possibilités. Maintenant plus que jamais, voici "une chance non
négligeable de transformer la 'fuite des cerveaux' en un nouveau 'capital de
cerveaux'", note M. John Sarpong du Digital Diaspora Network Africa. M. Sarpong figure parmi les 130
directeurs d'entreprises technologiques, d'organisations à but non lucratif et
d'organismes des Nations Unies qui ont lancé ce réseau en juillet 2002, dans le
cadre d'une nouvelle série d'initiatives visant à inverser l'exode d'Africains
qualifiés. Parmi les professionnels visés figurent des scientifiques, des
médecins, des ingénieurs, des maîtres de conférences, des économistes, des
spécialistes des technologies de l'information et d'autres experts hautement
qualifiés qui font défaut sur le continent. Certaines initiatives se servent
d'Internet pour attirer des professionnels qualifiés (comme les milliers de
médecins sud-africains installés au Canada) et les aident à offrir leurs
services à des patients se trouvant en Afrique. D'autres programmes visent à
inciter les professionnels qualifiés à rentrer en Afrique.
Photo : ©AfricaPhotos.com
Les professionnels africains tendent
à émigrer en Europe de l'Ouest et en Amérique du Nord. Les crises économiques et
politiques qui s'abattent sur le continent depuis quelques décennies en
dissuadent un grand nombre de rentrer au pays. Crises économiques, taux de
chômage élevé, violations des droits de l'homme, conflits armés et manque de
services sociaux adaptés, tels la santé et l'éducation, figurent parmi ces
facteurs de dissuasion. La Commission économique des Nations
Unies pour l'Afrique et l'Organisation internationale pour les migrations (OIM)
estiment qu'entre 1960 et 1975, 27 000 Africains ont quitté le continent pour
les pays industrialisés. De 1975 à 1984, ce chiffre a atteint 40 000. On estime
que depuis 1990, chaque année 20 000 personnes au moins quittent le
continent. La fuite des cerveaux se produit,
dit-on, lorsqu'un pays perd sa main d'oeuvre qualifiée en raison de
l'émigration. Le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) note
qu'en Afrique, l'élément le plus frappant est l'exil des médecins. Au moins 60 %
des médecins formés au Ghana dans les années 80 ont quitté le pays. Ce phénomène "pèse d'un poids très
lourd sur le continent", note Mme Ndioro Ndiaye, Directrice générale adjointe de
l'OIM. Pour compenser le manque d'effectifs qualifiés, les pays africains
consacrent chaque année environ 4 milliards de dollars à l'emploi d'environ 100
000 expatriés non africains. "Il est grand temps de mettre en place des
programmes et des politiques qui inverseront les effets dévastateurs de la fuite
des cerveaux", dit-elle. Comment redresser la
situation Les experts sur le continent mettent
de plus en plus l'accent sur des stratégies et des programmes visant à inverser
la fuite des cerveaux et à retenir les professionnels qualifiés dans leur pays.
Il s'agit notamment de politiques restrictives destinées à retarder
l'émigration, telles que le rallongement des études médicales. Plusieurs projets
de lois fiscales ont été déposés, les pouvoirs publics commençant à comprendre
que le nombre élevé d'expatriés représente un potentiel économique. Les projets
vont de taxes ponctuelles de sortie du territoire à des accords fiscaux
bilatéraux qui exigeraient des pays accueillant des immigrés qu'ils taxent les
ressortissants étrangers et rémunèrent leur pays d'origine. Une autre stratégie consiste à
signer des accords internationaux entre pays industrialisés et pays en
développement, qui contraindraient les pays les plus riches à ne pas recruter de
main d'oeuvre originaire des pays en développement. Toutefois, les deux
stratégies favorites sont le transfert de compétences grâce à des réseaux de
professionnels et d'intellectuels, et le rapatriement, méthode qui a fait ses
preuves. L'organisation de
réseaux Puisqu'un grand nombre de
professionnels se montrent peu enthousiastes à la perspective de rentrer dans
des pays politiquement et économiquement instables, certains pays tentent
désormais de trouver d'autres moyens de profiter des connaissances et des
compétences de leurs ressortissants professionnels expatriés. Cette approche est
appréciée car elle n'oblige pas ces personnes à rentrer dans leur pays
d'origine. Le South African Network of Skills Abroad
(SANSA) en est une illustration. Par le biais de son site Web, il invite
les professionnels sud-africains à s'inscrire au réseau. D'après le SANSA, au
moins 22 000 diplômés de cinq grandes universités sud-africaines installés à
l'étranger restent en contact avec leur université. Le SANSA estime qu'environ
60 % des expatriés diplômés vivent dans six pays étrangers, dont plus de la
moitié en Australie, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis. Le groupe estime
qu'environ 30 % des détenteurs de doctorat de l'Université du Cap qu'il a été
possible de joindre sont expatriés. Ils constituent une partie importante des
diplômés de médecine, de commerce, de l'enseignement et d'ingénierie, autant de
domaines dans lesquels l'Afrique du Sud manque cruellement
d'effectifs.
Crises économiques, taux
de chômage élevés, violations des droits de l'homme, conflits armés et services
sociaux inadaptés contribuent à l'expatriation des professionnels africains.
Une fois inscrits au SANSA, les
professionnels peuvent offrir de former leurs homologues sud-africains ou bien
proposer de les aider dans leurs recherches. Ils peuvent faciliter des contacts
commerciaux et communiquer des informations sur des recherches introuvables en
Afrique du Sud. Les membres du SANSA peuvent aussi contribuer au transfert de
technologie vers leur pays d'origine, notamment en offrant des ordinateurs et
des logiciels. Cette pratique existe déjà dans d'autres pays d'Afrique. La
Africast Foundation, par exemple, recueille et recycle des ordinateurs récupérés
aux Etats-Unis pour les donner aux écoles et communautés défavorisées du
Ghana. Une mine de
talents Au lieu de tenir les professionnels
expatriés pour responsables du manque d'effectifs qualifiés sur le continent, le
SANSA considère "ces Sud-africains hautement qualifiés installés à l'étranger
comme des atouts potentiels", notent M. David Kaplan et M. Jean-Baptiste Meyer.
Dans un rapport réalisé pour le compte du SANSA, ils soulignent néanmoins que la
réussite du réseau dépend largement du dévouement des expatriés. La volonté de ces experts de
partager leur expertise et leurs ressources financières serait "la preuve
incontestable de leur dévouement à la cause des femmes", note Mme Noeleen
Heyzer, Directrice générale du Fonds de Développement des Nations Unies pour la
femme (UNIFEM). "Les Africains de la diaspora, notamment dans le secteur privé,
représentent une mine inexploitée", a-t-elle affirmé lors d'une réunion
organisée au mois de mai en Ouganda lors du lancement de la Digital Diaspora
Initiative. L'UNIFEM figure parmi les organisations internationales participant
à l'initiative, qui vise essentiellement à améliorer la qualité de vie des
femmes africaines grâce aux technologies de l'information et à l'expertise des
Africains de l'étranger. Dans le cadre de ce programme, les experts africains
seront encouragés à contribuer à la formulation de politiques et à financer des
programmes de technologie de l'information, l'objectif étant de tirer parti de
la croissance de ce secteur. Retour des expatriés
africains D'autres programmes de lutte contre
la fuite des cerveaux ont pour objet de rapatrier les Africains dans leurs pays
d'origine ou de les faire venir dans d'autres pays du continent. Mais le grand
problème est qu'une telle opération coûte très cher. Certains expatriés peuvent
souhaiter rapatrier tous les membres de leur famille. D'autres peuvent demander
des salaires comparables à ceux qu'ils gagnent dans les pays où ils se sont
expatriés, ainsi que des ressources technologiques de pointe. Autre difficulté,
le rapatriement ne fait revenir que l'individu expatrié et non le réseau de
ressources auquel il est rattaché. En dépit de ces difficultés, le
Forum de recherche et développement pour le développement par la science en
Afrique (RANDFORUM), au Kenya, a envisagé diverses solutions de rapatriement des
professionnels et intellectuels africains, comme l'avait demandé en 1999 le
Forum présidentiel sur la gestion de la science et de la technologie en Afrique,
qui regroupe des chefs d'états. Cette année là, un groupe de travail dirigé par
un ex-président zambien, M. Kenneth Kaunda, avait recommandé que le RANDFORUM et
l'organisation apparentée, la Fondation africaine pour la recherche et le
développement, repèrent les Africains installés à l'étranger et désireux de
rentrer travailler chez eux. Un autre projet du RANDFORUM vise à délocaliser des
professionnels de "pays en détresse", pays mal en point sur le plan économique
ou financier, tels le Libéria ou la Somalie, pour les réimplanter là où ils
pourraient être productifs. Au lieu d'envoyer les professionnels et les
intellectuels de ces pays dans des camps de réfugiés, on utiliserait leurs
services ailleurs et ils retourneraient chez eux une fois la situation
normalisée. Adaptation à l'évolution des
besoins Le défi, pour les organisations
s'occupant de rapatriement, est d'attirer un plus grand nombre de candidats. Le
Programme de réintégration des citoyens africains qualifiés de l'Organisation
internationale pour les migrations, en place de 1983 à 1999, n'a réussi à faire
revenir que 2 000 Africains dans 11 pays participant au programme. Les lois sur
l'immigration sont l'un des motifs d'inquiétude cités par les éventuels
candidats au retour, note M. Chernor Jalloh de l'OIM. Les candidats
s'inquiètent, par exemple, de savoir s'ils pourront revenir dans leur pays
d'adoption après l'avoir quitté. Dans certains pays industrialisés, la
législation exige des immigrants qu'ils restent dans le pays pendant une période
donnée, sous peine de perdre leur statut de résident. Par ailleurs, ceux qui ont
été naturalisés dans leur pays d'adoption doivent souvent choisir entre ce
dernier et leur pays d'origine, car certains pays africains ne reconnaissent pas
la double nationalité.
Tandis que les anciens programmes de
l'OIM étaient axés sur le retour permanent, certaines initiatives tentent
désormais de répondre aux besoins des Africains préférant rester dans leur pays
d'adoption. Plutôt que le retour définitif, "nous tirons désormais parti des
visites multiples", dit M. Jalloh, qui décrit certains aspects du nouveau
programme intitulé "Migration pour le développement en Afrique". Il peut s'agir
de séjours de courte durée répondant à un besoin particulier, par exemple, "une
demande de médecin spécialiste dans une région reculée de la Sierra Leone,
explique M. Jalloh à Afrique Relance. Le médecin continue à vivre à
l'étranger, revenant en fonction des besoins, en complément du travail des
équipes sur place en Afrique". Le PNUD note que les Africains
vivant à l'étranger sont susceptibles d'envisager différemment le retour au pays
à mesure que ces pays se développent et offrent des possibilités accrues. "Le
moment choisi et la chance entrent aussi en jeu", indique le PNUD. Mais
l'utilisation des compétences des expatriés ne sera efficace "que si les pays
mettent de l'ordre chez eux". Une volonté politique
accrue Jusqu'à récemment, les pouvoirs
publics africains ne semblaient pas s'inquiéter outre mesure du déficit de main
d'oeuvre qualifiée, tandis que les organismes de financement du développement
aggravaient souvent le problème en obligeant les pays bénéficiaires à engager
des expatriés étrangers comme condition à l'octroi de prêts. De plus, les hommes
politiques disaient de leurs compatriotes ayant choisi de travailler et de vivre
à l'étranger qu'ils n'étaient pas de bons patriotes. Mais la montée en flèche de
l'émigration de personnes qualifiées et les graves carences du continent sur le
plan des ressources humaines en ont conduit plus d'un à changer
d'avis. Le président du Nigéria Olusegun
Obasanjo est l'un des responsables qui tentent activement de remédier à la fuite
des cerveaux. Lors de ses voyages à l'étranger, le président Obasanjo
s'entretient souvent avec des professionnels et des intellectuels ayant quitté
le Nigéria pour leur demander comment ils peuvent contribuer au développement du
pays. Le président Obasanjo est également l'un des architectes du nouveau cadre
de développement du continent, le Nouveau Partenariat pour le développement de
l'Afrique (NEPAD). Le Nouveau partenariat prévoit
l'établissement d'une base de données fiable et continentale qui permettrait de
déterminer l'ampleur du problème et de promouvoir la collaboration entre les
Africains de l'étranger et ceux qui sont restés dans leur pays. Une priorité
importante du NEPAD est le développement des ressources humaines en Afrique et
le retour des personnes qualifiées. Sous l'égide du NEPAD, les responsables
africains demandent explicitement l'instauration de "conditions politiques,
sociales et économiques susceptibles d'enrayer la fuite des
cerveaux...." Lutter contre les facteurs
en amont Mais ces déclarations d'intention
doivent se traduire par des actes et des problèmes plus profonds devront être
résolus avant que la fuite des cerveaux ne puisse être jugulée. Nombre
d'Africains sont très désireux de rentrer chez eux et de participer au
développement, mais leurs aspirations sont "sérieusement compromises par des
pouvoirs publics négligents dont les priorités ... ignorent le bien-être
social", dit M. Kwaku Asante Darko, conférencier à l'Université nationale du
Lesotho. M. Darko, qui est ghanéen, indique que tant que les facteurs conduisant
à l'émigration persisteront, il "serait catastrophique" de penser résoudre le
manque d'effectif sur le continent par un retour immédiat au pays des Africains
qualifiés. En outre, le continent doit offrir "un environnement favorable et
ouvert à la critique constructive, sans harcèlement ni persécution", dit M.
Rohey Wadda, du Bureau de coordination de la stratégie de lutte contre la
pauvreté de la Gambie, organe national qui supervise les programmes de
développement. Les pays africains doivent être "plus attirants sur le plan
politique, économique et social pour leurs ressortissants". Parfois, les professionnels
qualifiés sont frustrés car les politiques des bailleurs de fonds ont pour effet
involontaire de favoriser les experts techniques étrangers aux dépens des
experts nationaux. Dans un rapport de 1993 sur l'efficacité de la coopération
technique, le PNUD a noté que les experts africains du développement
s'inquiétaient de plus en plus de la persistance de la dépendance africaine
envers un personnel technique d'expatriés, des décennies après l'indépendance,
et cela malgré les efforts de formation des ressortissants du pays. En 1990, le
Burkina Faso employait 800 étrangers titulaires de diplômes universitaires, note
le PNUD, tandis qu'un nombre équivalent de diplômés burkinabè étaient au
chômage. Les gouvernements africains et les donateurs sont parfois "trop enclins
à faire venir des experts étrangers sans tenir compte des effectifs disponibles
dans le pays ou que l'on pourrait convaincre de rentrer". Des défis
énormes L'instauration des conditions
politiques nécessaires au maintien des personnes qualifiées dans le pays ou à
leur retour représente un défi énorme. Tandis que la relance commence à se faire
sentir dans certains pays, d'autres sombrent dans de nouvelles crises. Au Kenya,
la récente élection du nouveau président, M. Mwai Kibaki, a engendré une période
d'euphorie et une vague de retour des exilés espérant reconstruire un pays au
bord de la faillite après 24 ans passés sous la présidence de Daniel Arap Moi.
Le président Kibaki n'a pas tardé à inviter les Kenyans "qui ont été chassés de
nos rivages par les politiques répressives de nos prédécesseurs à revenir chez
eux et participer à la reconstruction du pays". Il note que le pays a
désespérément besoin "du génie de ses ressortissants, où qu'ils se trouvent. Le
temps de la réconciliation est venu et il nous faut toutes nos cartes en
main".
Formation à la vidéo au Niger : pour se
développer, l'Afrique a besoin de compétences et d'expertises variées.
Photo : ©Fonds
d'équipement des Nations Unies / Adam Roger
Par contre, la Côte d'Ivoire,
paradis des émigrés de l'Afrique de l'Ouest par le passé, a récemment sombré
dans la guerre civile. Une autre économie africaine parmi les mieux gérées, le
Zimbabwe, qui attirait des émigrants africains à la recherche de débouchés,
connaît un exode massif de ses professionnels en raison de la crise économique
et politique actuelle. La Zimbabwe National Association of Social Workers estime
que 1 500 travailleurs sociaux sur les 3 000 que comptait le pays sont partis au
Royaume-Uni ces dix dernières années. Retrouver un
travail Les professionnels qui rentrent chez
eux doivent aussi trouver un travail. Il y a quelques années encore, la Gambie
n'avait pas d'université et devait investir une grande partie de ses fonds
publics dans la formation de ses professionnels à l'étranger. Les professeurs
diplômés à l'étranger ne sont pas rentrés, faute de débouchés. Dans de nombreux
autres pays d'Afrique, les établissements d'enseignement manquent de fonds et de
ressources et les emplois sont rares dans le secteur privé. Bien qu'ils aient
promis de résoudre ces problèmes, les pouvoirs publics investissent toujours
très peu dans des domaines spécialisés tels que la science et la technologie. Le
continent ne réalise que 0,5 % des investissements mondiaux consacrés à la
recherche et au développement, et ne représente que 0,8 % des dépenses mondiales
consacrées aux publications scientifiques. De plus, l'Afrique a désespérément
besoin d'universités se consacrant principalement à la recherche. Les problèmes de l'Afrique sont
encore aggravés par le sous-emploi de la main d'oeuvre qualifiée, note Lalla Ben
Barka, Secrétaire exécutive adjointe de la Commission économique des Nations
Unies pour l'Afrique. "Dans tous les pays africains, dit-elle, il y a
paradoxalement un taux de chômage et de sous-emploi élevé parmi les jeunes
diplômés, notamment les diplômés universitaires, scientifiques et ingénieurs
compris." Un problème
international Etant donné la nature internationale
de la fuite des cerveaux et l'appui indirect des pays développés en mal de
personnel qualifié, les mesures permettant de freiner ce phénomène en Afrique
n'aboutiront que si elles sont appuyées par les pays de destination, note
l'Union pour l'étude de la population africaine, organisme scientifique
panafricain à but non lucratif. Selon cet organisme, la communauté
internationale doit faire pression sur les pays développés pour qu'ils modifient
les politiques actuelles régissant l'immigration des professionnels originaires
des pays en développement. Les pays industrialisés ont de plus
en plus besoin de deux catégories d'immigrés : ceux qui sont prêts à accepter
des emplois mal payés, durs et dangereux, dédaignés par leurs propres
ressortissants, et des professionnels hautement qualifiés, tels les experts en
logiciels, les ingénieurs, les médecins et le personnel infirmier. Il manque
actuellement 126 000 infirmiers aux Etats-Unis et les chiffres officiels
montrent que le déficit en infirmiers qualifiés pourrait atteindre 800 000 d'ici
à 2020. En raison de ces déficits, les pays industrialisés se sont lancés dans
de grandes campagnes de recrutement à l'étranger. L'Afrique du Sud a récemment
demandé aux pouvoirs publics canadiens qu'ils arrêtent de recruter leur
personnel médical qualifié. Dans la province rurale du Saskatchewan, au Canada,
plus de 50 % des médecins ont été formés à l'étranger, et au moins un cinquième
des 1 530 médecins de la région ont obtenu leur premier diplôme de médecine en
Afrique du Sud. Toutefois, il pourrait s'avérer
encore plus difficile à l'avenir d'inverser le flux migratoire des
professionnels originaires des pays en développement. Avec la chute des taux de
natalité et le vieillissement démographique, la demande de main d'oeuvre devrait
s'accroître dans les pays du Nord, car il faut des jeunes pour maintenir la
productivité. Dans les pays les plus pauvres, des millions de personnes
continueront à tenter leur chance dans les pays riches pour trouver des emplois
rémunérateurs et améliorer leur niveau de vie. Et à l'heure de la
mondialisation, et donc de la libre circulation des capitaux, il sera de plus en
plus difficile de freiner celle de la main d'oeuvre qualifiée. D'après le Secrétaire général de
l'ONU, Kofi Annan, il est clair que la coopération internationale est
nécessaire. "Les choix faciles ou les solutions simples n'existent pas",
dit-il.
Engager le dialogue avec la diaspora
africaine Pour la première fois, l'Union
africaine a invité la diaspora africaine (ceux qui ont pour ancêtres des
Africains) à prendre une part active au développement de la région. Les
chefs d'Etats réunis lors du sommet extraordinaire de l'Union africaine,
au mois de février, ont décidé d'amender la charte de leur organisation
afin "d'encourager la participation à part entière de la diaspora
africaine, considérée comme un élément important du continent..." Cette
initiative fait suite à d'importantes pressions de membres de la diaspora
désireux d'être reconnus en tant qu'agents de développement du
continent. En l'absence de structures
formelles, les groupes de la diaspora africaine se sont généralement
appuyés sur des programmes ponctuels, disparates et d'envergure réduite
afin de participer au développement du continent. Pourtant, beaucoup sont
parvenus à contribuer à la construction d'écoles, d'hôpitaux et de routes,
à la direction de programmes de formation, la fourniture de livres et
d'ordinateurs destinés à des écoles défavorisées, et à l'instauration de
bourses d'études. Mais ils opèrent hors du cadre
des grandes organisations de développement, bien qu'ils oeuvrent pour les
mêmes objectifs. "L'Afrique doit mettre sur pied une stratégie collective
sollicitant la participation de la diaspora", a noté l'Ambassadeur des
Etats-Unis au Nigéria, M. Howard Jeter. Selon lui, il n'y a eu aucune
véritable tentative de prise de contact avec la diaspora et il n'existe
aucun lien institutionnel. "Peu d'Afro-Américains connaissent le NEPAD.
Pourquoi devrait-il en être ainsi ?", a demandé l'Ambassadeur Jeter, dans
un discours, en novembre dernier, au Nigerian Institute of International
Affairs. Il a observé que l'Afrique ne se servait pas des Afro-Américains
comme d'un relais politique important aux Etats-Unis. "Encourage-t-on
vraiment les Afro-Américains à faire des affaires avec l'Afrique ? Je ne
le pense pas." Alors même que l'Afrique met sur pied une stratégie visant
à faire participer la diaspora, de telles questions doivent être posées,
a-t-il dit.
Au moins 20 000 Africains
hautement qualifiés s'expatrient chaque année. Photo : ©AfricaPhotos.com
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